1 mai 2010

La Paz



Bon, c'est pas tout ça, mais il va falloir quand même que l'on vous raconte la fin de notre voyage! Alors, où en étions nous? … Ah oui, nous partions de Sucre pour la La Paz.

Curieux nom que La Paz (la paix) pour une ville si gigantesque, si tumultueuse, perchée à 4000m d'altitude, dans un environnement accidenté et clairement inhospitalier. Envoûtant tableau où seules les neiges éternelles du Huayna Potosi et du Illimani procurent cette sérénité justifiant son nom, pleins de promesses.

De toutes les villes que l'on ait vu d'Amérique du sud, elle est de loin la plus particulière. D´abord par son dénivelé vertigineux de près de 1000m. Autant vous dire qu'il faut un sacré souffle et la fumée noire que crachent les bus surbondés n'est pas pour nous aider. Véritable ville verticale où des bâtiments sommaires, empilés les uns sur les autres, s´accrochent aux pentes, rappelant les tentacules d´une immense pieuvre. Parfois, un quartier entier tombe. Qu'à cela ne tienne, le terrain est vite déblayé et d'autres maisons, toutes aussi délabrées, viennent remplacer les anciennes.
Ensuite par sa population. La Paz est un condensé de La Bolivie. Comme Potosi et Sucre, l'altiplano et les plaines, on retrouve en altitude les indigènes des quartiers pauvres, et à des altitudes plus agréables, les quartiers riches des populations occidentalisées. L'effervescence des rues colorées d'El Alto, remplies de vendeurs en tout genre offre un contraste saisissant avec les rues propres et tranquilles d'en bas.



Déjà bien acclimatés, nous décidons, accompagnés de Marika et Yannick, de faire l'ascension du glacier Huyana Potosi qui culmine à plus de 6000m.


En plus de l'altitude à gérer, cette fois, il faudra également dompter la neige et la glace. Le Club Andin nous fournit matériel et guide, et nous arrivons au pied du glacier sous un ciel radieux. Malheureusement, au refuge de 5200m, le temps se gâte. Après avoir vainement essayer de dormir, nous partons à minuit à la conquête du sommet par cordée de 3, sous une neige fine qui nous fouette le visage. Au bout de quelques heures, on en vient à l'évidence que la visibilité au sommet sera nulle. Et plus l'espoir d'admirer le soleil se levant sur la Cordillera Real disparaît, plus il est difficile de lutter contre la nuit, le froid, la neige et l'altitude. Très vite, on se dit à quoi bon? Et, comme Yannick et Marika, nous finissons par faire demi-tour, suivis d'Emilie et Jean-Baptiste, un couple de lyonnais qui montaient sans guide et se retrouveraient seuls dans le brouillard.

Quel goût amer que celui de l'échec! La descente n'en est que plus pénible. On se rend compte alors qu'il est encore moins évident de descendre une paroi que de la monter. Il est 6h, nous sommes de retour au refuge sans avoir vu le sommet. contrairement à Emilie et Jean-Baptiste qui finiront par vaincre après 2 nouvelles tentatives, nous ne trouverons plus l'énergie pour repartir et resterons sur un sentiment frustrant d'inachevé, mais tout de même le souvenir d'une belle expérience!
De retour à La Paz et toujours avec Marika et Yannick, nous délaissons les cimes enneigées pour s'attaquer au fameux Choro Trek qui suit un chemin pavé inca et qui débute à 5000m pour finir à des altitudes plus accueillantes, 2000m. Parti vêtus de nos polaires, au milieu d'un paysage de pierre et de végétation rase, on s'enfonce dans une jungle tropicale, épaisse et moite. Les bananiers, les tomates de arbol croisés sur la route nous rappellent la Colombie. La végétation est tellement dense qu'il n'est possible de planter la tente que dans de rares hameaux, sans vraiment savoir quand. Ce sera donc 3 belles journées de rando bien remplies (environ 8h de marche / jour). Et contrairement à ce qu'on imaginait, descente ne rime pas avec facilité, surtout sur des pavés. Bonjour les articulations! En chemin, on rencontre quelques rares paysans parlant à peine espagnol, ainsi qu'un improbable vieillard japonais, ayant parcouru le monde en son temps et s'étant arrêté ici, à plusieurs jours de marche du premier bled, entouré de son jardin japonais au milieu de la jungle. Tout content d'avoir un auditoire, il nous sort fièrement un livre sur son pays qu'il commente dans un mélange incompréhensible de japonais et d'espagnol.







Les photos de La Paz, du Huayna Potosi et du Choro Trek.